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De l’hyperphagie à l’anorexie : Mon combat et ma guérison des troubles alimentaires

Un témoignage sincère sur la lutte et la résilience face aux troubles alimentaires

Je m’appelle Émilie, et si je partage mon histoire aujourd’hui, c’est pour donner de l’espoir à toutes celles et ceux qui pensent qu’il est impossible de s’en sortir. Les troubles alimentaires ont longtemps fait partie de ma vie, mais aujourd’hui, je peux enfin dire que j’en suis libérée.

L’origine du trouble : un rapport compliqué avec la nourriture

D’aussi loin que je me souvienne, la nourriture a toujours été un sujet délicat. À la maison, les repas étaient stricts, cadrés, parfois même synonymes de tensions. On me disait souvent ce que je devais manger, combien, et surtout ce qu’il ne fallait pas toucher. J’entendais souvent des phrases comme « Fais attention à ce que tu manges » ou « Tu as pris un peu de poids, non ? », des remarques qui semblaient anodines mais qui ont semé en moi une profonde insécurité. Petit à petit, j’ai intégré l’idée que manger était un terrain de contrôle, une équation à résoudre, plutôt qu’un simple besoin naturel.

Le basculement dans l’excès

Quand je suis partie de chez mes parents pour mes études, j’ai découvert une liberté nouvelle, mais aussi une angoisse immense liée au sentiment de solitude. Personne pour me dire quoi manger, personne pour poser des règles. Très vite, je suis tombée dans l’hyperphagie : manger sans faim, de manière compulsive, pour calmer ce vide intérieur. Je me réveillais la nuit pour manger, j’accumulais des réserves de nourriture dans mes placards, et chaque bouchée me procurait un soulagement immédiat… suivi d’une immense culpabilité. J’ai pris du poids rapidement, atteignant un stade d’obésité, et avec lui, est venue une immense honte. Je fuyais les regards, je refusais les sorties au restaurant, et je me sentais prisonnière d’un corps qui ne me ressemblait plus.

D’un extrême à l’autre

Femme en crise d'hyperphagie boulimique mangeant avec crainte de la fast food

Cette culpabilité m’a poussée à vouloir « reprendre le contrôle ». Et c’est ainsi que la boulimie s’est installée : manger beaucoup puis tout faire disparaître. Les crises devenaient un rituel, une façon de maigrir, et m’apportaient un soulagement temporaire à mon angoisse de grossir. Au début, elles étaient rares, une ou deux fois par semaine, puis elles sont devenues quotidiennes, voire plusieurs fois par jour. Chaque crise suivait le même schéma : un besoin irrépressible de manger, une frénésie incontrôlable où je ne percevais plus le goût ni la satiété, et ensuite, un dégoût profond qui me poussait à me faire vomir.

Je me retrouvais souvent enfermée dans ma salle de bain, épuisée, les yeux rougis par les larmes et les vomissements, me promettant que c’était la dernière fois. Mais à chaque fois, la culpabilité revenait encore plus forte, et le besoin de recommencer aussi. Mon esprit était en guerre permanente : d’un côté, l’envie de me libérer, de l’autre, une voix intérieure qui me poussait à plonger plus profondément dans ce cycle infernal.

Puis, la balance est devenue mon obsession. Chaque gramme en trop était une défaite, chaque repas une menace. J’ai commencé à compter chaque calorie, à scruter mon reflet avec une dureté impitoyable, à trouver du réconfort dans la sensation de faim. Petit à petit, j’ai réduit mes portions, supprimé des groupes d’aliments entiers, jusqu’à en arriver à ne presque plus rien avaler. J’avalais des litres d’eau pour tromper la faim, je multipliais les séances de sport, je trouvais toujours de nouvelles règles pour m’imposer un contrôle plus strict.

L’anorexie est entrée dans ma vie sous couvert de discipline et de maîtrise, mais elle m’a en réalité enfermée dans une prison dont je ne voyais plus l’issue. Mon corps était épuisé, mes cheveux tombaient, mes règles avaient disparu, et chaque jour devenait une bataille pour simplement tenir debout. Je ressentais une satisfaction perverse à voir le chiffre sur la balance baisser, mais en même temps, je sombrais dans un mal-être profond. Chaque repas était une épreuve, chaque bouchée un combat contre moi-même.

La prise de conscience : demander de l’aide

Un jour, mon corps a dit stop. L’épuisement était devenu omniprésent : chaque geste me demandait un effort surhumain, chaque pas semblait plus lourd. Un matin, en tentant de me lever, mes jambes ont flanché sous mon propre poids. Mon cœur battait trop vite, ma vision était trouble, et je me suis assise au sol, incapable d’avancer.  Je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Ce jour-là, alors que j’étais face à mon reflet, amaigrie et vidée, j’ai ressenti une peur profonde : et si je continuais ainsi, jusqu’où cela me mènerait ? C’était la première fois que je réalisais que je ne contrôlais plus rien. Ce n’était plus une question de volonté, mais une question de survie. C’est cette peur qui m’a poussée à demander de l’aide. 

J’ai pris rendez-vous avec une thérapeute spécialisée, et pour la première fois, j’ai osé mettre des mots sur ce que je vivais. Parler, être écoutée sans jugement, comprendre que je n’étais pas seule… Ça a été le début d’un long chemin, mais un chemin vers la vie. J’ai appris à identifier mes déclencheurs, à comprendre pourquoi je cherchais ce contrôle et comment mes pensées automatiques entretenaient mes troubles.

Le parcours vers la guérison

La thérapie m’a aidée à déconstruire mes croyances, à comprendre que la nourriture n’était pas mon ennemie, et surtout, que je méritais d’être bienveillante avec moi-même. J’ai aussi découvert l’importance du soutien : mes proches, des groupes de parole, des professionnels. J’ai intégré des exercices de pleine conscience, j’ai appris à écouter mes sensations corporelles et à faire la paix avec mon image.

Il y a eu des rechutes, des moments de doute, des jours où je pensais que je n’y arriverais jamais. Mais peu à peu, j’ai appris à écouter mon corps, à respecter mes besoins, à retrouver du plaisir dans l’alimentation, sans peur ni culpabilité. Je me suis réconciliée avec mon reflet dans le miroir, j’ai réappris à sortir sans crainte du jugement des autres, et j’ai surtout compris que je ne suis pas définie par mon poids ou mon apparence.

Aujourd’hui, je suis libre. Libre de manger sans compter, sans me punir, sans me juger. Libre de profiter d’un dîner entre amis sans angoisse, libre de me regarder dans le miroir sans dégoût.

Si vous traversez cette épreuve, sachez que vous n’êtes pas seul(e). Il est possible de s’en sortir, et vous méritez de vivre sans cette souffrance. Osez demander de l’aide, osez croire en vous, car la guérison est bien réelle.

Émilie.

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