fbpx

La première étape pour guérir des TCA : adopter des horaires alimentaires réguliers

Si vous souffrez d’un trouble du comportement alimentaire, vous avez peut-être déjà essayé différentes approches pour aller mieux, sans toujours savoir par où commencer.
La première étape vers la guérison est claire et incontournable : adopter des horaires alimentaires réguliers. C’est une étape essentielle, car elle conditionne tout le processus de rétablissement, que vous soyez concerné(e) par l’anorexie, la boulimie ou l’hyperphagie boulimique. C’est d’ailleurs la première chose qu’un centre de prise en charge TCA met en place.

Pourquoi les centres de prise en charge TCA commencent-ils par structurer les repas ?

Dans tous les établissements spécialisés dans la prise en charge des TCA, la toute première chose que l’on met en place pour les patients est un cadre alimentaire structuré. Avant même d’aborder le travail psychologique ou les émotions liées à l’alimentation, la priorité est de restaurer une structure alimentaire fixe et prévisible avec des horaires de repas réguliers.

C’est une stratégie thérapeutique validée et appliquée en clinique car rien ne peut se construire sans une stabilité alimentaire de base : tant que le corps est soumis à des rythmes irréguliers, tant que les prises alimentaires sont aléatoires ou dictées par l’impulsion, il est impossible de réguler les sensations de faim et de satiété, et encore moins de travailler sur les causes profondes du trouble.

Dans les cas d’anorexie très sévère, lorsque l’alimentation par voie orale est insuffisante selon les besoins à couvrir, une sonde nasogastrique est mise en place pour assurer un apport calorique adéquat. Contrairement à une idée reçue, cette sonde ne remplace pas les repas mais vient en complément afin de garantir l’énergie nécessaire à une reprise de poids efficace. En effet, pour restaurer un poids santé, les patientes doivent consommer davantage que leurs besoins énergétiques quotidiens, ce qui peut être une étape difficile psychologiquement. Mais cela se fait en parallèle de la réintroduction d’une structure alimentaire avec des horaires de repas réguliers accompagné par l’équipe médicale. L’objectif de la sonde est alors d’accélérer ce processus, permettant ainsi une sortie plus rapide de l’hôpital et un retour progressif à une alimentation normale.

Quelle que soit la méthode utilisée pour stabiliser l’état nutritionnel, l’étape fondamentale reste toujours de structurer l’alimentation en instaurant des horaires réguliers et prévisibles.

⚠️ Si vous avez un IMC inférieur à 16, une prise en charge en établissement spécialisé est fortement recommandée pour assurer votre sécurité. En dehors d’une urgence vitale, une prise en charge en ambulatoire reste possible, mais l’étape fondamentale reste toujours la mise en place d’horaires alimentaires réguliers.

Pourquoi les horaires alimentaires sont la première étape incontournable pour guérir ?

Les hormones jouent un rôle clé dans la régulation de l’appétit et des comportements alimentaires. Deux d’entre elles, la leptine et la ghréline, sont particulièrement impliquées dans les TCA et voient leur fonctionnement perturbé.
  • La leptine, produite par les cellules adipeuses, envoie au cerveau des signaux de satiété pour diminuer l’appétit.
  • La ghréline, sécrétée principalement par l’estomac, stimule l’appétit en signalant au cerveau que le corps a besoin de nourriture.
Le dérèglement de ces hormones complique la régulation de l’appétit et des comportements alimentaires :
  • Chez les personnes souffrant d’anorexie mentale, les niveaux de leptine sont souvent anormalement bas en raison de la réduction de la masse grasse, ce qui perturbe la sensation de satiété et contribue au maintien du comportement restrictif. En parallèle des taux élevés de ghréline ont été observés, ce qui pourrait être une réponse compensatoire à la restriction alimentaire. Cependant, malgré ces niveaux élevés, la sensation de faim reste souvent altérée, suggérant une possible résistance à la ghréline.
  • Chez les personnes souffrant de boulimie et d’hyperphagie boulimique, une hypersensibilité à la ghréline pourrait favoriser une sensation de faim accrue et un besoin impérieux de manger, tandis qu’une résistance à la leptine empêcherait une sensation de satiété efficace, entraînant des compulsions alimentaires.

C’est pourquoi rétablir des horaires fixes permet progressivement de stabiliser ces mécanismes biologiques et d’enrayer les cercles vicieux des TCA. Des études cliniques ont démontré que l’instauration d’horaires alimentaires réguliers est essentielle dans le traitement des troubles du comportement alimentaire (TCA).

Cette approche permet :

  • de réguler la faim et la satiété : En instaurant des horaires fixes, on permet progressivement à l’organisme de retrouver un équilibre hormonal plus stable et de restaurer des signaux physiologiques cohérents, ce qui contribue à la stabilisation du poids et à la réduction des comportements alimentaires dysfonctionnels.
  • de casser le cycle des restrictions et des compulsions : en boulimie et en hyperphagie, les crises sont généralement précédées d’une période de restriction : le corps, privé d’énergie, enclenche un mécanisme de compensation biologique puissant, qui pousse à manger de manière compulsive. En restaurant des prises alimentaires fréquentes, on empêche le corps d’entrer dans un état de privation qui favorise les compulsions.
  • de réintégrer l’alimentation comme un acte naturel et non anxiogène : pour les personnes souffrant d’anorexie, manger est un enjeu émotionnel complexe. Un cadre structuré aide à “dé-dramatiser” l’acte de se nourrir et à normaliser progressivement cette habitude.

Comment mettre en place un horaire alimentaire structuré ?

Mettre en place un cadre alimentaire structuré est un pilier fondamental dans le processus de guérison des TCA. Il permet d’instaurer une routine rassurante pour que le corps et l’esprit retrouve de la sérénité.

🎯 Avertissement
L’objectif de cette première étape n’est pas de modifier les quantités ni les types d’aliments que vous consommez, mais simplement d’organiser vos repas et collations à des horaires précis et de vous y tenir.

📌 Planifier un cadre clair et rassurant :

  • 🕒 Prendre 3 repas par jour et 2 collations
  • ⏳ Ne pas rester plus de 4 heures sans manger (sauf la nuit)
  • Éviter de sauter des repas ou collations
  • 🚫 Ne pas manger en dehors des repas planifiés
  • 🔄 Toujours savoir quand sera le prochain repas
Il peut être surprenant, en cas d’hyperphagie boulimique, de lire qu’il est recommandé de manger trois repas et deux collations par jour. L’idée de manger “plus” peut sembler contre-intuitive, surtout lorsque la société nous pousse à croire que réduire son alimentation est la solution. Mais le problème de l’hyperphagie est avant tout dans l’irrégularité et la restriction qui entretiennent les crises. Manger régulièrement sans période de privation permet justement de diminuer progressivement le nombre et l’intensité des compulsions.
📌 Un exemple d’organisation alimentaire
  • 8h00 : Petit-déjeuner
  • 10h30 Collation du matin
  • 12h30 Déjeuner
  • 16h00 Collation de l’après-midi
  • 19h30 Dîner
  • 21h30 Collation du soir

Ces horaires peuvent être ajustés selon votre rythme, l’important est de s’y tenir pour donner au corps et à votre esprit des repères fiables.

Pour vous aider à instaurer un rythme alimentaire adapté, nous avons créé un outil spécialement dédié.

Rejoignez-nous sur Takadoc pour découvrir cet outil et commencer à planifier vos repas efficacement.

Les erreurs à éviter

🚫 Faire des exceptions trop souvent

“Aujourd’hui je vais attendre un peu avant de manger” ou “Ce matin je n’ai pas le temps de prendre mon petit déjeuner” peut vite se transformer en une nouvelle restriction … et ces restrictions en nouvelles crises… Respectez donc au maximum le rythme alimentaire établi, même lorsque vous avez l’impression que “ce n’est pas grave”. Votre corps a besoin de manger et chaque repas compte dans la reconstruction d’un équilibre durable.

🚫 Compter sur sa faim pour manger

Lorsque l’on souffre de TCA, les signaux de faim et de satiété sont souvent déréglés. Aussi au début du processus de guérison, il est souvent impossible de se fier à ses sensations, car elles ont été altérées par des mois, voire des années, de restrictions et de compulsions. C’est pourquoi, il est important de manger par habitude, dans un cadre alimentaire structuré, même en l’absence de sensation de faim, en tout cas dans un premier temps.

Plus tard, un travail sera fait pour réapprendre à écouter les signaux internes de faim et de satiété. Mais cette étape vient dans un second temps, une fois que l’organisme est stabilisé et que la peur de de grossir a diminué.

🚫 Faire une crise et sauter le repas suivant

Sauter un repas en pensant “j’ai trop mangé avant, je vais compenser” est une erreur fréquente. Cela alimente le cercle vicieux privation/crise. L’objectif ici n’est pas d’équilibrer chaque repas individuellement, mais d’assurer une régularité sur la journée et la semaine pour que votre corps retrouve progressivement des repères stables et fiables. Donc même si vous avez fait une crise, mangez normalement à l’heure du repas suivant. C’est cette régularité qui, avec le temps, réduira la fréquence et l’intensité des crises. Chaque journée suivie d’un rythme alimentaire stable vous rapproche d’un équilibre durable.

Et si l’envie de manger émotionnelle survient entre les repas ?

Changer ses habitudes prend du temps et il est normal que les envies de manger émotionnelle soit toujours présentes. Nous vous apprendrons comment mieux les gérer. En attendant,  rappelez-vous que chaque repas planifié est une occasion de redonner à votre corps des repères stables. Au fil du temps, en respectant cette structure, ces envies entre les repas diminueront naturellement.

Conclusion

Se réhabituer à un rythme alimentaire structuré est une étape essentielle, mais c’est aussi un défi mental. Cela peut faire remonter des résistances, des peurs ou des croyances limitantes. Rappelez-vous : vous n’avez pas besoin de “mériter” de manger, votre corps a besoin de vous pour fonctionner. En mettant en place ces horaires, vous faites un pas concret vers la guérison

Ne restez pas seul

Que se soit pour vous ou pour un proche,  informez-vous et sortez de votre souffrance.

Sur Takadoc, vous trouverez

Des ressources pratiques

Des tests diagnostic et d'évaluation, des conseils et des outils pour mieux comprendre et gérer les TCA.

Un parcours de soin clé en main

Des exercices de thérapie cognitivo-comportementale pour se soigner à son rythme.

Des professionnels de santé spécialisés

Un accompagnement par des professionnels spécialisés dans la guérison des TCA simplement depuis chez soi.